L’organisation mondiale de la santé définit les probiotiques comme des « micro organismes vivants, principalement des bactéries, qui sont sans danger pour la consommation humaine, et qui lorsqu’ils sont ingérés en quantité adéquate, exercent alors des effets bénéfiques sur la santé humaine, au delà des effets nutritionnels traditionnels ». On les retrouve ainsi sous forme de bactéries ou de levures dans certains aliments ou sous forme lyophilisée dans certains compléments alimentaires. Leurs effets notamment au niveau du système digestif sont désormais établis, certaines souches renforcent l’immunité, d’autres la digestion, d’autres encore ont un effet sur les allergies.
Les pathologies bucco-dentaires (caries, parodontopathies) sont en rapport avec un déséquilibre de la flore bactérienne. Il est donc légitime de s’interroger sur l’intérêt des probiotiques pour la santé de la bouche et pour la prévention des maladies parodontales en particulier.
Limites des thérapeutiques parodontales classiques
Ainsi trois facteurs interviennent dans l’étiologie des parodontopathies :
– la susceptibilité de l’hôte qu’il est difficile de modifier
– la présence de bactéries pathogènes
– la diminution ou l’absence de bactéries favorables
Les thérapeutiques classiques visent à diminuer le nombre de bactéries pathogènes :
– par l’action mécanique du détartrage et du surfaçage radiculaire sans toutefois permettre l’élimination totale des bactéries pathogènes
– par l’utilisation d’antibiotiques dont la prescription répétée peut favoriser la prolifération d’espèces bactériennes résistantes.
Le principe d’action des probiotiques est donc d’influencer le troisième facteur: favoriser le développement des bactéries commensales (habituelles) favorables à la santé bucco-dentaire et d’influencer la réponse immunitaire du patient.
Mécanismes d’action des probiotiques
L’action des probiotiques se fait alors à plusieurs niveaux :
– Inhibition des bactéries indésirables
– Limitation de la croissance des bactéries pathogènes
– Limitation de l’implantation des germes pathogènes (compétition pour la fixation sur les sites)
– Compétition pour la consommation des nutriments
– Dégradation des toxines produites par les bactéries pathogènes
– Production et libération de principes actifs
– Modulation de la réponse immunitaire de l’hôte
Propriétés idéales des probiotiques
– adhésion aux surfaces dentaires
– production de substances antimicrobiennes : peroxyde d’hydrogène, bactériocines
– modification des conditions de l’environnement buccal : pH…
– modulation de la réponse inflammatoire
– sans risque pour l’organisme
A partir de ces critères idéaux plusieurs souches ont donc été étudiées telles que Lactobacillus Reuteri, Lactobacillus Brevis, Lactobacillus Salivarius…
S’il est difficile d’extrapoler les résultats des études au niveau gastro-intestinal au niveau buccal, il est toutefois permis de penser que les probiotiques constituent une piste de recherche intéressante, en complément des thérapeutiques existantes, dans la prévention des maladies parodontales et pour le maintien de la santé bucco-dentaire comme le suggèrent certains auteurs.